samedi 12 août 2006

[Aletheia n°96] Un ouvrage inédit de Soeur Lucie de Fatima - par Yves Chiron


Aletheia n°96 - 12 août 2006
Un ouvrage inédit de Soeur Lucie de Fatima - par Yves Chiron
L’ouvrage, inédit, de Sœur Lucie, la dernière des voyantes de Fatima, décédée il y un an, était annoncé comme devant paraître aux Editions Parole et Silence (Agence Zenit le 2 juin 2006, cf. Aletheia n° 93, 4 juin 2006). À ce jour, l’ouvrage n’est pas paru à ces éditions. En revanche, il existe déjà en portugais, en anglais, en allemand, en italien… et en français à Fatima[1]. En voici donc une présentation.
Dans son titre complet, l’ouvrage s’intitule : Comment je vois le message à travers le temps et les événements. Il existe des Mémoires de Sœur Lucie, dont on sait qu’ils furent rédigés à partir de 1935. Selon Sœur Lucie elle-même, ces Mémoires ont été écrits « à la hâte, sans avoir eu le temps nécessaire d’entrer dans les détails » (p. 9 de Comment je vois…). L’appréciation est vraie pour le premier Mémoire, rédigé en moins de quinze jours. Mais ce 1er Mémoire a été complété par quatre autres[2]. Pourtant, à la demande de son confesseur, Sœur Lucie a accepté d’écrire encore sur les faits de 1917 et leur préparation. D’où ce nouveau livre, posthume parce qu’inachevé (le récit et le commentaire de Sœur Lucie ne vont pas au-delà de l’apparition d’août 1917).
Les apparitions angéliques préparatoires et les quatre premières apparitions de la Vierge font l’objet non pas d’un nouveau récit complet, mais de précisions, et surtout d’un commentaire spirituel et doctrinal.  Ce commentaire relève à la fois de l’exégèse et de l’interprétation.
On ne retiendra, ici, que quelques points saillants de ce livre :
• Concernant l’apparition du 13 juin. Sœur Lucie avait déjà écrit : « Elle [la Sainte Vierge] ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense. En Elle, nous nous vîmes comme submergés en Dieu. » Cette fois, sa description est plus précise et son commentaire donne le sens d’une telle grâce : « …la céleste Messagère, dans un geste de protection maternelle, ouvrit les bras et nous enveloppa dans le reflet de la lumière de l’Etre immense de Dieu.
Cette grâce nous marqua pour toujours dans l’ordre du surnaturel. »
• Le 13 juillet, les trois voyants eurent une vision, effrayante, de l’Enfer. Dans un entretien accordé en 1992 au cardinal Padiyara – entretien dont la teneur, publiée, a été injustement contestée – , Sœur Lucie avait dit : « L’enfer est une réalité. C’est un feu surnaturel et non physique et qui ne peut être comparé au feu qui brûle, feu de bois ou de charbon, ni à ces feux que certains ont l’habitude de mettre ici, dans nos forêts.[3] » Cette fois, elle commente ainsi cette vision de l’enfer du 13 juillet 1917 : « on voyait le feu, mais ce que je ne sais pas, c’est de quelle sorte de feu il s’agissait. Ce n’était certainement pas un feu matériel, comme les feux que nous sommes habitués à voir sur la terre. Dans l’ordre du surnaturel, il n’existe pas de matériaux pour alimenter pareil feu. […] quel est le combustible qui alimente cette fournaise qui brûle toujours sans diminuer ni s’éteindre ? Et nous ne savons pas combien d’autres feux Dieu a pu allumer dans le domaine du surnaturel, chacun étant adapté à la fin pour laquelle Dieu l’a créé. Dans les œuvres de la création, nous voyons qu’il y a beaucoup de secrets que les hommes, malgré tout leur savoir, ne sont pas encore venus à percer. Nous ne sommes vraiment rien devant la toute-puissance de Dieu ! […] Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que l’enfer existe et qu’il est pour Notre Dame l’objet d’une grande préoccupation. »
La consécration de la Russie demandée par la Sainte Vierge à Fatima a été faite, finalement, par Jean-Paul II le 25 mars 1984.  Certains auteurs et publications contestent que cette consécration ait été accomplie selon les demandes de la Vierge et estiment que « Jean-Paul II n’a pas consacré la Russie comme la Sainte Vierge l’a demandé »[4].
Dans Comment je vois le message…, Sœur Lucie affirme à nouveau que la consécration accomplie en 1984 a correspondu à ce que demandait la Vierge. Elle écrit : « Cette consécration a été faite par le Saint-Père Jean-Paul II, à Rome, publiquement, le 25 mars 1984, devant la statue de Notre Dame, qu’on vénère à la Capelinha des Apparitions, à la Cove da Iria, à Fatima. » (p. 54). Sœur Lucie ajoute, significativement, à propos de la visite de Gorbatchev à Jean-Paul II qui a lieu en 1989 : « Mieux encore, il [Dieu] incitait l’un des principaux dirigeants du communisme athée à se mettre en route pour Rome, afin de rencontrer le Saint-Père – qui peut être sans s’en rendre compte achevait de faire la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, demandée par Notre Dame, à Fatima – ; par cette rencontre, il le reconnaissait comme le suprême représentant de Dieu, de Jésus-Christ, sur la terre, comme le chef de l’unique et véritable Eglise fondée par Jésus-Christ ; c’était aussi pour donner le baiser de paix, en demandant pardon pour les erreurs de son parti ; il donnait ainsi au monde un témoignage de foi et de confiance en l’Eglise du Dieu unique et véritable. » (p. 55). Le passage, souligné par nous, donne une interprétation surnaturelle, inédite, de cette visite de 1989.
• La Sainte Vierge avait promis, suite à sa demande de consécration de la Russie : « Si l’in écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. […] il sera donné au monde un certain temps de paix ».
Certains ont interprété cette double promesse comme une conversion soudaine et massive de la Russie au catholicisme et comme l’avènement d’une paix universelle. Sœur Lucie explique pourquoi on peut estimer qu’il y a eu conversion de la Russie et que la promesse de paix s’est réalisée. On ne résumera pas ici les pages – 53 à 56 – consacrées à ces deux faits. On relèvera néanmoins l’apostrophe de Sœur Lucie : « il y a encore des aveugles qui ne voient pas ou ne veulent pas voir, et qui disent : Notre Dame a promis la paix, et il y a encore des guerres à travers le monde ! Oui, quand Notre Dame a promis la paix, c’était par rapport aux guerres provoquées dans le monde par le communisme athée, mais non par rapport aux guerres civiles qui, elles, ont toujours existé et existeront toujours, jusqu’à ce Dieu transforme ce monde… ».
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Cette édition du livre posthume de Sœur Lucie, comme le précédent titre édité par le Carmel de Coimbra (Sœur Lucie. Souvenirs sur sa vie), n’est pas, semble-t-il, diffusée par les librairies françaises. C’est un sujet d’étonnement sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Aussi, cette fois encore, Aletheia contribue, modestement, à la diffusion du message authentique de Fatima.
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[1] Comment je vois le message à travers le temps et les événements, Edition Carmel de Coimbra – Secrétariat des Pastoureaux, juin 2006, 63 pages.
[2] L’édition définitive est parue en 1991.
[3] Carlo Evaristo, Fatima. Sœur Lucie témoigne, présentation et notes par Yves Chiron, Editions du Chalet, 1999, p. 68.
[4] Dominicus, « Jean-Paul II a-t-il consacré la Russie comme la sainte Vierge le demandait ? », Le Sel de la Terre, n° 53, été 2005, p. 87. Cet article, anonyme, expose la position des religieux d’Avrillé, qui est aussi celle de certains prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, de la Contre-Réforme Catholique de l’abbé de Nantes, du P. Grüner et de divers sites fatimistes.