lundi 18 novembre 2002

[Aletheia] Pour un petit catéchisme universel - Non à Vatican III - Saint Josemaria Escriva et la nouvelle messe - Document : Le cardinal Siri et la

Yves Chiron - Aletheia n°35 - 18 novembre 2002

. Pour un petit catéchisme universel.

. Non à Vatican III.

. Saint Josemaria Escriva et la nouvelle messe.

. Document : Le cardinal Siri et la nouvelle messe.

. Nouveautés romaines.


POUR UN PETIT CATÉCHISME UNIVERSEL

Mgr Maggiolini est évêque de Côme depuis 1989. Bien qu'il ait été l'unique évêque italien à participer à la rédaction du Catéchisme de l'Eglise Catholique — le comité de rédaction comptait 8 membres —, il reste peu connu en France. De la dizaine de livres qu'il a publiés, pas un seul n'a encore été traduit en français. D'ici quelques semaines, paraîtra, en Italie, son dernier livre, consacré à la confession.

Il y a un an, à l'occasion de la parution de Fine della nostra cristianità (Piemme, 2001, 239 pages), j'avais réalisé un entretien qui a été publié dans la Nef (B.P. 48, 78810 Feucherolles, n° 119, septembre 2001, 6 euros). Cette fois, c'est à l'occasion du dixième anniversaire de la publication du Catéchisme de l'Eglise Catholique, que je l'ai interrogé. L'entretien paraît dans l'Homme Nouveau (1 Place Saint-Sulpice, 75006 Paris, n° 1290, 17.11.2002, 3 euros). Mgr Maggiolini, interrogé sur la nécessité et l'opportunité de rédiger maintenant un petit catéchisme universel à l'intention des enfants, répond :

"J'ignore si un tel catéchisme pour enfants et adolescents serait possible. J'en vois l'utilité. Et même la nécessité, à partir du moment où beaucoup de jeunes croyants se limitent à se souvenir de "petits bouts" de la Bible, sans avoir une synthèse dans laquelle ranger les différents morceaux. Et cela, sans même connaître par cœur les formules les plus importantes, à commencer par le Notre Père et l'Ave Maria (...) je suggère seulement aux éventuels rédacteurs de ne pas se laisser engluer par des questions exaspérées de méthode, qui souvent finissent par écraser et vider le contenu de la Révélation."

NON A VATICAN III

Mgr Maggiolini publie régulièrement, deux ou trois fois par mois, et en toute liberté, des articles dans le quotidien italien Il Giornale. Alors que la célébration du 40e anniversaire du concile Vatican II, est l'occasion pour certains, dans l'Eglise, de suggérer ou de réclamer un "Vatican III", l'évêque de Côme, dans un article publié le 18 octobre dernier, évoque le "fondement d'argile" d'un hypothétique Vatican III.

L'enseignement véritable du concile Vatican II, explique Mgr Maggiolini, reste encore largement méconnu ou travesti. Qui plus est, on peut s'interroger sur les fruits de Vatican II : où sont les conversions ? les grands saints ? Les vocations sacerdotales et religieuses ? A-t-on enregistré un nouvel élan pour les missions ? "On dira, peut-être, qu'il y a eu Padre Pio et Mère Teresa de Calcutta. Mais ces saints n'ont pas fleuri à partir de Vatican II. On objectera peut-être encore qu'il est trop tôt pour voir les saints post-conciliaires. Mais l'histoire ne s'accélère-t-elle pas ?".

Mgr Maggiolini, avec quelque malice, ajoute : "A voix basse, je voudrais soumettre un doute aux impatients désireux d'un nouveau Concile. Attention : plutôt que d'une plus grande ouverture — mais que signifie ce mot ? —, peut-être que les chrétiens les plus sérieux et les évêques les plus lucides, les plus perspicaces et les plus travailleurs, demandent des positions plus précises, des propositions plus solides, une identité plus claire, des énoncés doctrinaux moins délayés et ainsi de suite."

SAINT JOSEMARIA ET LA NOUVELLE MESSE

A plusieurs reprises déjà, j'ai évoqué, ici, la question de la célébration du Nouvel Ordo Missae par saint Josemaria Escriva de Balaguer. Un témoignage circonstancié existe, celui de Mgr Javier Echevarria, Prélat de l'Opus Dei. Membre de l'Opus Dei depuis 1948, il a été le secrétaire particulier de saint Josemaria Escriva à partir de 1952 et il est resté aux côtés du fondateur de l'Opus Dei jusqu'à la mort de celui-ci, en 1975. Dans un ouvrage de souvenirs sur le fondateur, Memoria del Beato Josemaria Escriva (Leonardo international, 2001), il se souvient "de l'effort que lui a coûté le changement [d'ordo]". "Mais il ne voulait accepter aucune exception ; chaque jour il me demandait de le corriger toutes les fois qu'il se trompait dans le respect des nouvelles rubriques il était décidé à manifester son amour pour la liturgie à travers le nouveau rite."

Il refusa qu'on sollicita pour lui le privilège, concédé aux prêtres âgés, de conserver l'ancien Ordo : "par esprit d'obéissance envers les normes ecclésiastiques, il interdit qu'on en fasse pour lui la demande."

Un jour, don Alvaro del Portillo, qui devait succéder ensuite à Mgr Escriva à la tête de l'Opus Dei, se trouvait à parler de la nouvelle messe avec Mgr Bugnini. La situation du fondateur de l'Opus Dei fut évoquée. Le maître d'œuvre de la réforme liturgique, bien que son interlocuteur n'en sollicita pas l'autorisation, accorda à Mgr Escriva de "célébrer comme avant". Mgr Escriva "en fut très content", "mais à partir de ce moment il voulut qu'à sa messe assiste seulement celui qui la servait, et personne d'autre".

Si le fondateur de l'Opus Dei est donc revenu à la messe traditionnelle, à une date qui reste à déterminer, et ne l'a plus abandonnée, le N.O.M. a été de règle dans toutes les maisons de la prélature.

Document -LE CARDINAL SIRI ET LA NOUVELLE MESSE

Le cardinal Siri fut archevêque de Gênes de 1946 à 1987. Selon les classifications — pas toujours pertinentes — des historiens, il aurait été un représentant éminent de l'aile "conservatrice" de l'Eglise. Mais, au concile Vatican II, par exemple, même s'il a suivi de près les travaux et les interventions du Cœtus internationalis, où il comptait plusieurs amis, il n'en a jamais été membre.

Nous traduisons et publions, avec l'accord de son destinataire — dont on comprendra qu'il souhaite garder l'anonymat —, la lettre que lui adressait le cardinal Siri en 1982, Ce religieux, qui voulait continuer à célébrer la messe traditionnelle, faisait part de son drame intérieur au cardinal Siri et sollicitait d'être accueilli dans son diocèse. Voici la réponse que lui fit le cardinal archevêque de Gênes. Elle illustre, comme la réaction de saint Josemaria Escriva citée plus haut, l'esprit d'obéissance qui a eu cours dans l'Eglise, dans les années 60/80, et qui a permis la diffusion si rapide de la réforme liturgique.

Gênes, 6 septembre 1982

Révérend Père,

je reçois votre lettre et je ressens profondément l'ampleur de votre drame intérieur. Je souhaiterais pouvoir vous aider à la résoudre.

En ce qui concerne votre répugnance à accepter le Nouvel Ordo. Je vous invite à raisonner patiemment (après avoir prié). Le Nouvel Ordo ne peut être frappé d'hérésie.

Le pouvoir avec lequel saint Pie V a fixé sa réforme liturgique est celui-là même dont a usé Paul VI. Avoir réformé l'Ordo implique sa substitution à l'ancien. Nous devons obéir.

Il y a des questions bien plus graves dans l'Eglise : celle-ci n'a aucune importance. Libérez-vous de ce complexe et ne permettez pas qu'il détruise votre vocation. Que Dieu vous aide !

Quant à votre désir d'être éventuellement accueilli dans mon diocèse, je crois que c'est impossible : mon clergé est excellent, mais il n'est pas exempt de méfiance envers ceux qui ne sont pas originaires du diocèse. Je ne veux demander à personne le sacrifice de se sentir un intrus !

Peut-être une connaissance directe pourrait suggérer quelque idée meilleure.

En attendant je prie pour vous, de tout coeur !

In Christo

Giuseppe Card. SIRI

NOUVEAUTÉS ROMAINES

. Sœur Margherita Marchione, religieuse américaine d'origine italienne, de la congrégation des Soeurs Philippines, a publié ces dernières années, aux Etats-Unis et en Italie, plusieurs ouvrages pour défendre la mémoire de Pie XII. Elle vient de publier deux nouveaux livres :

- Pio XII attraverso le immagini, Libreria Editrice Vaticana, 214 pages grand format. Un album biographique, avec de très nombreux documents et photographies, dont certains inédits ;

- Il Silenzio di Pio XII. Papa Pacelli di fronte al Nazismo e alla persecuzione degli Ebrei : accuse, controversie e verità storica, Sperling & Kupfer, Milan, 309 pages. En douze chapitres très structurés, sœur Margherita Marchione fait le point sur la controverse —qui dure depuis quarante ans maintenant — et cite de nombreux témoignages et documents. Au-delà de l'attitude et de l'action de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale, auxquelles l'essentiel du livre est consacré, l'auteur veut mettre aussi en lumière la sainteté de Pie XII. A cet égard, elle cite notamment, une vision de Padre Pio, le jour-même de la mort de Pie XII. Padre Pio, le 9 octobre 1958, comme on le lit dans son Diario (encore inédit pour ces années) et comme il en a fait la confidence à plusieurs personnes (parmi lesquelles, une des soeurs de Pie XII), a eu "la claire vision" de la mort du pape et de son entrée au Ciel.

. Une édition du Compendio del Catechismo di San Pio X (en 152 questions et réponses) vient de paraître aux éditions Il Pozzo di Giacobbe. Ce très élégant petit volume de 45 pages est vendu à un prix très raisonnable —1,20 euro —, qui le rend accessible à toutes les familles italiennes.

. Sœur Lucie de Fatima a fait paraître à la Libreria Editrice Vaticana Gli Appelli del Messagio di Fatima (309 pages). Il s'agit non pas d'un nouveau récit des apparitions de 1917 mais d'un commentaire spirituel de ces apparitions et du message qui y fut donné. Sœur Lucie considère que la recommandation faite par la Sainte Vierge lors de l'apparition du 13 octobre 1917 : "N'offensez plus Dieu Notre-Seigneur qui est déjà tant offensé" est l'appel central du message de Fatima.,

L'ouvrage, rédigé en portugais il y a plusieurs années déjà, a été entièrement écrit par soeur Lucie, avertit l'évêque de Leiria-Fatima dans une préface. Il ajoute : "il est nécessaire de toujours distinguer, pour ne pas avoir de désillusions, entre la Sœur Lucie voyante, instrument de Dieu, et la Sœur Lucie interprète, avec sa propre intelligence, et avec son coeur, certainement noble et généreux."

La distinction vaut aussi, nous semble-t-il, pour des questions qui ont alimenté des controverses ces dernières années : la consécration de la Russie et le contenu du troisième secret de Fatima.

On lira avec intérêt le dernier numéro des Amis du Monastère (n° 104, Monastère Sainte-Madeleine, 84330 Le Barroux). Le TRP Dom Gérard y évoque, dans son traditionnel éditorial d'ouverture, la fondation que réalise son monastère dans le diocèse d'Agen. Dans un second article, pages 4 et 5, intitulé "Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang" (Héb 12,4), Dom Gérard, avec une belle vigueur, exprime "l'intransigeance" nécessaire face à certaines situations dans l'Eglise. Il écrit notamment :

"Les martyrs anglais du XVIe siècle, et les martyrs chinois du XXe, ont tous versé leur sang pour avoir refusé d'entrer, les uns dans une église anglicane, les autres dans une église patriotique, et vous voudriez nous voir entrer dans ce magma informe qu'on appelle "œcuménisme" ou "dialogue inter-religieux" ? Il est temps que le vent se lève et balaye ces mensonges doucereux déguisés sous les oripeaux de la tolérance".